08.20.2012

Londres. Il est bientôt 1h du matin lorsque l’on se retrouve à errer à la sortie du métro Brent Cross, au dessus du quartier juif de Golders Green, dans le nord de la capitale. Une ballade improvisée dans une zone industrielle qui mènera un peu plus tard jusqu’à un squat. 2 coups sur une porte en métal, elle s’ouvre sur deux énormes black armés de barres en fer et battes de baseball. C’est bien ici que cela se passe et il vous faudra lacher 10 £ pour aller plus loin vers le hangar.

L’obscurité est telle que l’on a du mal à se repérer, on distingue une centaine de silhouettes qui s’agitent devant un mur d’où émanent des basses. La déco, industrielle au possible avec quelques accents psychés, des champis fluos qui font ressortir une toile d’araignée gigantesque, c’est un peu glauque, voire un cloaque, on ira pisser accompagné ce soir.

Sur le dancefloor se regroupent des personnages atypiques qui participent à donner l’âme du lieu. On ne les croisera qu’ici, on ne les reverra sans doute jamais. C’est la rencontre avec des hommes-arbres aux racines qui descendent profondément dans le sol bétonné, d’autres ont le nez allongé, de petites dents et les oreilles poilues ce sont traits pour traits des renards et au milieu de cette assemblée, une créature divine phosphorescente qui donne le pas, chacun s’articulant autour de sa chorégraphie pour taper du pied.
Plus loin dans la salle, un comptoir éclairé par un néon violet clignotant ressemble à un bar. On y vend aucun alcool connu mais des choppes de liquides fumants, visiblement avec des bulles, c’est épais et on a l’impression d’ingurgiter sa première urine du matin, il paraît que c’est tonifiant.

Hélé par un râle sur le coté, ce qu’on a cru être un élément de décor est en fait un type encapuchonné. À aucun moment on arrivera à voir son visage qui semble depuis longtemps avoir été rongé par la torpeur, son nom n’existe dans aucune langue que vous connaissez. Visiblement content de vous voir, il fait signe d’approcher car il ne parle pas fort, lorsque l’on distingue ses yeux jaunes perçants qui vous hypnotise un bras vous tire par l’épaule en ailleurs vous extirpant des ténèbres qui commençaient à s’installer autour de nous. « Pas par là, ce sont des mange-morts, personne ne sait quand ils sont rentrés ni ne les a jamais vu sortir », on réalise alors qu’on avait déjà été attiré loin du groupe et qu’il n’était pas seul. Vous êtes sauvés, le sith a déjà disparu dans un recoin, fondu dans le décor.

Une envie pressante communautaire entraîne le groupe vers ce qui fut autrefois un vestiaire, aujourd’hui cela ressemble plus a un abattoir repeint avec des excréments. Des cris retentissent, derrière une faience éclatée, un type urine dans une douche mais semble lutter avec son sexe géant (génant?) transformé en un tentacule de poulpe avec des dents qui essaye de le croquer. C’est un peu embarassant.

De retour dans la salle, un mec se présente à nous, petite chemise propre, chaussures en croco et des gens qui s’affairent autour de lui, une grosse légume sans doute. On l’a déjà vu, c’est un mec du « milieu », le mec qu’a les bons plans, la bonne dope et à qui tout le monde suce la bite. Un gros connard quoi mais bon il vous a montré son schlass plus tôt dans la nuit, dans le métro, alors on fait un sourire géné et on se casse, direction à l’étage vers le chill out.

Des canapés, des tapis confortable, du son moins fort, des gens avec le sourire et des lunettes de soleil, ça à l’air plus safe, dommage qu’ils parlent tous dans un dialecte inconnu. On fait une pause en regardant autour, il n’y a pas de murs et la connection avec le ciel étoilé peut avoir lieu. Un jour un type qui écrit de la SF m’a dit « le cosmos est ton jardin ». Quel tocard.

Assis devant le dj qui a revetu son plus beau costume de star trek pour l’occasion, derrière lui c’est stargate avec une porte ouverte sur un trou noir. Un peu tôt pour s’engouffrer. On caresse l’herbe qui pousse et on respire le parfum du ruisseau qui coule à deux pas, l’occasion de faire le point sur sa place dans la voix lactée. La créature divine réapparait, elle a envie de communiquer mais on comprend rien alors on trouve un autre moyen, par le corps et les sensations, jusqu’à s’évanouir dans l’herbe.

Combien de temps cela a duré ? Personne ne pourrait le dire, d’ailleurs il n’y a pas d’unité de mesure pour ce genre de chose. Ce que vous savez, c’est que maintenant il fait froid, le jour pique les yeux, l’herbe et la rivière ont disparu, recouvertes par des tapis miteux datant de la fin des 30 glorieuses et vous avez la main dans ce qui s’apparente a du vomi. Et ce n’est pas le votre.

Quelques lascars un peu déroutés peinent à vendre de la came dont on a du mal à croire leurs effets rien qu’en la regardant. « Hey mec t’es sur t’es pas en train d’essayer de me vendre ta collection de crottes de nez ? si tu veux on échange, j’ai un sachet de rognures d’ongles ». Des discussions improbables, l’embarras. La créature divine s’est fait pécho par ces même lascars, ils la droguent de force au milieu de la pièce et l’obligent à danser pour eux. Ca devient compliqué.

On traverse une dernière fois le hangar, une lumière froide éclaire quelques visages blafards, ça sent la sueur, la poussière et l’urine. Il est temps de sortir et de retrouver le monde réel parachuté dans un Londres déjà bien réveillé, il est midi.

Free download : http://dragsfore.tumblr.com/

Merci @Numérik pour tout, et pour ce 12 avril.

Tracklist :

IV – TRASH // TOTEMS

Mountain Don’t – LORN
DOOM 2 – LORN
CHARLENE – DOLOR
Untitled (Ft. 18aC) – DOLOR & LORN
THE PALETTE – DOLOR
KOMMANDO – LORN
Ski Patrol (Ft. Toby Radloff) – LORN
November – DOLOR
TRASH ALLEY – LORN
TRUE GAIN – DOLOR

Get in touch:
LORN@WEDNESDAYSOUND.COM
DOLOR@WEDNESDAYSOUND.COM

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