02.10.2012

C’est sur le tard – malheureusement – que nous avons découvert le – bon – travail du Marseillais 9th Cloud. A travers l’un de ses EPs, Round and Shiny Times, relayé sur un obscur site Hip-Hop allemand. Trois titres, pas un de plus. Courte claque. Frustrant. Février 2012, 43 Sunsets – son nouvel EP – vient ajouter 5 titres à sa discographie. Pas après pas. Tranquille. Ouais, le nuage vit et produit au rythme de la Canebière.

Le gros contraste. Avec ses productions. Les BPM, le ryhtme haletant, impulsif et ses textures synthétiques. Produire peu et bien. Prendre son temps, c’est la recette.
Le temps, le temps pour une interview, un mix « Overswag » aussi. Pensé et conçu dans son intégralité pour les lecteurs/auditeurs de ce blog, avec des productions pointues et des noirs – Soulja Boy, Pete Rock, Joeystarr – qui rappent dedans.
(Download!)

Tu viens de sortir un nouvel ep « 43 sunsets ». Ca faisait un petit moment depuis « Round and Shiny Times ». Ta démarche semble différente entre ces 2 sorties, peux tu nous en parler un peu ?
Un an pile poil entre les deux sorties. Je n’ai jamais eu un rythme de production très soutenu. J’aime prendre le temps de laisser vivre les ébauches avant de choisir de les finaliser. Et puis, on est à Marseille, ici, ne pas se presser, c’est presque une religion ! ;)

Pour ce qui est de la démarche c’est toujours une question piège pour moi. Je ne calcule pas et fais simplement de la musique selon une écriture quasi automatique. Pendant les moments créatifs, je ne pense à rien. Ensuite tout cela prend sens et cohérence car je fais ça avec ma touche, mes émotions, influences et recettes de cuisines du moment. Donc pas de démarche particulière sinon de composer un hip hop instrumental déviant, ce que j’aime faire depuis près de 10 ans.

Pourquoi avoir arrêter ta collaboration avec Vompleud ? Tu avais envie d’être seul aux commandes peut être ?
J’ai commencé à composer avec Vompleud pour plusieurs raisons. Tout d’abord nous sommes amis et la rencontre musicale était évidente et ludique. A ce moment là, je bloquais pas mal sur mes compositions personnelles et ne voyais plus dans quel sens aller. Ça a été une super collaboration qui m’a donné beaucoup d’air et m’a musicalement décomplexé. Je suis toujours bluffé du résultat et pourtant nous ne sommes pas du genre à nous envoyer des roses.

Après, nous avons un mode de collaboration assez long et complexe, les ébauches venaient naturellement mais pour finir, organiser et mixer un morceau nous prenait des mois tant nous avions de pistes et d’idées.
Vompleud est parti vivre à Berlin, cela marque une pause. Il n’est pas certain que nous ne continuions pas, c’est juste reparti comme c’est venu pour le moment.
Dans tous les cas nous sortirons en 2012 sur Monkey Moods les morceaux finalisés qui n’ont été jusque là entendus que sur scène.

« Je ne calcule pas et fais simplement de la musique selon une écriture quasi automatique. »

Tu évolues dans l’univers de la MAO, j’imagine que tu prépares un type de live particulier pour accompagner tout ça ?
J’aime bien mon live actuel. Il est déjà bien rodé même s’il évolue encore. Il s’articule autour de séquençages et de déclenchements en live d’effets et de sons sur pads (MPD32). Airsolid œuvre à mes côtés en tant que VJ avec des images crées spécifiquement pour ma musique.
Une autre production live complètement différente devrait voir le jour pour la mi 2013, afin d’accompagner un album en 2014. On commence à bosser dessus d’ici quelques mois, ce sera une véritable création live interactive sur un concept simple et un rendu impressionnant.

Est ce que tu penses à sortir un format plus long ? « Delicate sound » avait reçu un bon accueil non ?
Et bien pour 2014 justement. Ca paraît être dans une éternité, mais me connaissant 2 ans ne seront pas de trop pour finaliser l’album tel que je le souhaite. J’adore les longs formats puisqu’ils permettent de proposer une histoire sur 1 heure de musique et d’offrir plusieurs facettes de sa personnalité musicale.

Mes albums ont toujours reçu un bon accueil de la presse et un certain succès d’estime, je m’estime chanceux à ce sujet. Je pense que les auditeurs sont touchés par le côté très personnel de mon approche, quasi exutoire et instinctive.
Après, créer un album est un réel investissement, personnel mais aussi un investissement financier pour un label, j’apprécie déjà les retours de 43 Sunsets et suis heureux d’être dans une phase inspirée, l’album viendra en son temps, je suis un vieux monsieur maintenant, je savoure.

Qu’est ce que tu penses de la scène electronica globalement et de ses jeunes pousses ? (Je veux dire penses tu qu’il y ait la place pour des talents émergents, qu’il y a une demande particulière du public ?)

Est ce que aujourd’hui on dispose des moyens pour faire vivre cette scène (accueillir des artistes dans de bonnes salles et dans de bonnes conditions par ex …)
Je suis assez peu l’actualité musicale mais tombe parfois sur quelques pépites, des producteurs Français ou étrangers, connus et moins connus.
Pour avoir tourné depuis quelques années avec des musiques parfois peu évidentes et éloignées des stéréotypes dancefloor, je peux dire que nous sommes sur un public de niche, de connaisseurs. Il existe, il est peu nombreux mais constitué de connaisseurs avec qui il est toujours enrichissant de discuter et d’échanger.
Pour ce qui est de l’économie de cette scène, je pense qu’elle est fragile, comme toute celle de la musique. Mais pour l’essentiel ses acteurs sont dans un esprit Do It Yourself, créatif voire underground.
Les salles, évènements et festivals pointus existent, et avec internet la diffusion se fait dans le monde entier et pas seulement dans ton pays, cela ouvre des portes pour les musiciens.

Tu as toujours été un bon digger, les sorties et artistes à suivre pour 2012 ?
Non je ne suis que de très loin l’actualité musicale. Ces derniers temps j’ai beaucoup apprécié Shlohmo, Lorn. Essa. M un producteur electronica de Rennes, mes potes Vompleud et Poborsk qui proposent une musique étonnante. Un jeune producteur marseillais 123Mrk découvert récemment et vraiment talentueux. Miqi O. aussi est un type épatant.

Est ce que tu achètes des disques ?
Très rarement, mon meuble à vinyles déborde déjà de disques. J’en ai pour un an à écouter tout ce qui ne l’a pas été. J’achète parfois des sorties digitales que j’apprécie particulièrement ou bien pour les placer dans des mixes.

« Jusqu’à quand on va dire Swag? C’est pas déjà overrated début 2012 ? »

Qu’est ce que tu penses des mecs qui sortent des cassettes aujourd’hui ?
Justement j’en parlais il y a deux jours avec Poborsk qui sort une cassette chez Icasea. On se disait que ça ramenait un côté précieux à l’objet musical. Comme quand tu achetais une cassette ou un disque il y a 10 ans tu l’écoutais, tu ne l’oubliais pas dans un recoin de ton iPod, c’était ton disque et tu n’en avais pas 10 nouveaux par jour, tu vois ? Il fallait l’amortir. Donc oui à la cassette pourquoi pas. En même temps je serais bien ennuyé, j’ai pas de lecteur cassette.

On est très fier du mix que tu nous a concocté, rempli de swag, le hip hop semble ne plus avoir de secret pour toi, peux tu nous parler un peu de ta sélection ?
Hey ! merci ! je suis heureux que ça vous plaise !
Je viens du Hip Hop c’est ma culture musicale principale. Je ne suis plus très régulièrement les sorties mais apprécie la façon dont ce genre évolue et se renouvelle en permanence.
Je fouine de temps en temps sur quelques blogs (dont One O’Clock) pour me tenir au courant. J’appréciais surtout le boombap et le rap disons classique mais plus récemment et à l’autre extrémité du spectre les headbangers laidback qui font bouger la foule en soirée sont pour moi des perles. J’ai d’ailleurs hâte de me remettre aux DJs sets, au scratch etc… C’est un peu ce côté Swag qu’on retrouve dans ce mix.
Jusqu’à quand on va dire Swag, c’est pas déjà overrated début 2012 ? ☺

Tes premiers émois sur du hip hop c’était quoi c’était quand ?
Je suis tombé dans le hip hop à l’époque du label Rawkus vers 1995 (Comon, High and Mighty, Mos Def…). Comme une grosse claque, une évidence qui m’a emmené à redécouvrir les classiques Boom Bap : Premier, Pete Rock, A Tribe Called Quest…
En parallèle à ce hip hop qu’on disait à l’époque « de backpackers », je découvrais des groupes avant-gardistes comme Anti-Pop Consortium ainsi que les maitres du Hip Hop instrumental : Shadow, Krush, Vadim… Feu l’Abstract Hip Hop ! Et aussi Ninja Tune, Warp…
Enfin, j’oublie au passage le Wu Tang et toute une vague de Hip Hop venu de Grande Bretagne, le Dirty South puis le grand retour des instrumentaux à base Hip Hop avec cette vague que certains appellent Wonky.
Enfin, avec ça tu ne sais plus ou donner de la tête et le Hip-Hop a l’art de se réinventer et de nous surprendre sans cesse.

Tracklist
01 – Yelawolf feat. Rittz, Young Struggle & Big Hud – Far From A Bitch [Slumericans]
02 – Soulja Boy – Pretty Boy Swag 2010 – [Interscope]
03 – Wiley – Link Up (Alex D Remix) [Big Dada]
04 – Diamond K & Al Ripken Jr – Hands in the Air (Lunice Remix) [Top Billin]
05 – Hood Headlinaz – Wood Grain [Paper Route Recordz]
06 – Grip Plyaz Feat. FKi – What I Do [The Smoking Section]
07 – Joey Starr – On te voit [Jive]
08 – Young L – Loud Pockets [Domo-Kun Mixtape]
09 – Kendrick Lamar – Look Out For Detox
10 – Grip Plyaz – Died (In yo pussy) [The Smoking Section]
11 – Cali Swag District – Teach Me How To Dougie
12 – Pete Rock & Smif-N-Wessun ft. Freeway – Roses [Duck Down Records]


Les photos sont la propriété de © Clémentine Crochet

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