03.23.2012

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Galapagoose est la première signature du label « Magical properties », dirigé par Daedelus. L’australien nous fait l’honneur de répondre à quelques questions, interview fleuve d’un technicien nouvelle génération. Il nous a également concocté un mix de son cru, beaucoup de pistes extraites de son album d’ores et déjà disponible ici.


Tu viens de Melbourne en Australie. De notre contrée ce pays est assimilé à une scène punk rock, mais un nouveau courant 2 steps commence à émerger sérieusement non ? Comment vis tu le développement de la scène electronica là-bas ?

A Melbourne la scène punk rock a été super forte pendant longtemps avec différentes influences allant et venant de partout. Dans les années 70 et 80, c’était très présent et je pense que ce genre a marqué tous les styles qui sont apparus depuis.
Il y a un véritable sentiment d’appartenance à ce chaos qui permet à toutes les différentes scènes d’évoluer sans jamais être bloquées dans un seul genre.
La musique électronique est définitivement plus importante aujourd’hui. Il y a quelques années elle rassemblait vraiment beaucoup de stars qui venaient jouer régulièrement, et maintenant on voit apparaître plus d’artistes moins connus mais tout aussi doués. Maintenant c’est impossible de ne pas trouver l’inspiration !

C’est difficile de définir un type de scène comme celle du « 2 step » ou du « beat » etc. parce que la musique qui en sort est vraiment trop différente. J’ai l’impression que c’est plus un processus et une certaine esthétique qui nous lient tous plus qu’un genre spécifique. Je dirais que traditionnellement, l’Australie est connue pour ça – c’est à dire piocher dans un large éventail d’influences venant d’un peu partout dans le monde et de les travailler pour en faire quelque chose de nouveau avec nos propres boucles et rebondissements.
Peut être que cela vient du fait qu’on soit loin, on s’inspire de ce qui se fait dans les autres pays et souvent on se les réappropris.
C’est aussi intéressant de comprendre le chemin tortueux des artistes australiens qui ont accédé au succès international.


Quels groupes de là-bas aimerais tu voir s’exporter ?

Pour parler de Melbourne, je bossais avec le collectif « This Thing » (www.thisthing.us) qui s’inspire de gars comme Wooshie, Naps et Kane Ikin, ils font tous leurs propre sauce avec des influences allant de la West Coast jusqu’au Drone, l’Ambiant avec parfois une petite touche de Dance made in UK.

C’est ce mélange des genres qui attire des artistes à s’impliquer dans ce crew, ça reflète bien le visage de la musique de melbourne en général. Dans le même genre et dans un autre endroit je recommanderai the new Weird Australia, ils viennent de Sydney et expérimentent des sons vraiment différents et bizarres, l’album « Thomas William vs Scissor Lock » est vraiment ouf. J’attends vachement le nouveau Portable Sunsets et je vous invite à checker les trucs qu’il a fait avant, genre l’ EP Coast, c’est bourré de rythmes Slow-House.


Tu sors en ce moment ton premier album « Commitments » sur le label Magical Properties sous la direction de Daedelus. Comment as-tu rencontré le gentleman ? Qu’est ce qui t’as plût chez ce label West Coast ?

J’ai rencontré Alfred (Daedelus) il y a quelques années quand j’étudiais à Utrecht, aux Pays-Bas. J’étais allé à un de ses concerts et on a discuté ensemble à la fin, j’avais vu qu’il utilisait un programme MaxMSP pour son live.
Au début de l’année dernière, j’ai passé quelques temps à New York et on a organisé une Release Party pour notre propre programme (avec %, vous pouvez voir de quoi il s’agit ici : www.parallelogram.cc). Alfred est venu jouer pour l’occasion. J’ai joué avant lui et j’étais vraiment bluffé par sa performance et le rendu de sa qualité sonore.

Le choix de signer sur Magical Properties était assez naturel. J’ai beaucoup de respect pour le travail de Daedelus et Alfred m’a offert carte blanche. Le projet en lui même a été rapidement écrit, compte tenu de l’excitation qu’il me procurait.
C’est bizarre de voir sortir un disque sur un label international et particulièrement sur une maison West Coast. Le plus dur, on le sait, c’est de gagner le support de ta propre scène et je pense qu’une implication extérieure crée un vrai bond en avant. Aujourd’hui je pense que ma musique s’insère naturellement dans le milieu des fondateurs de ce style; j’espère que dans un futur plus ou moins proche j’éprouverai cette reconnaissance au sein du réseau UK/Europe, mais pour le moment, je me satisfait d’avoir pu intégrer cette famille.


Vous utilisez tous les deux le Monome, c’est un instrument curieux pour le public et très impressionnant à voir en live, qu’est ce qu’il te plaît dans ce contrôleur ?

Le monôme est encore un contrôleur discret dans le monde de la MAO, le truc c’est que en lui même ça ne fait rien mais couplé avec un petit programme, l’étendue de ses capacités te permet de te révéler. C’est ce qui me motive à créer de nouvelles choses. Il y a une telle liberté que ça t’encourage à créer tes propres programmes et à arpenter de nouvelles voies. En créant mes propres programmes, j’ai été capable de créer un instrument de musique qui lors d’un live t’offre une large palette d’improvisation tout en engageant une émotion très particulière chez le public. Je ne sais pas si le support est vraiment responsable de ça mais indubitablement, cela m’a ouvert l’esprit et m’a motivé à apprendre le code. La réponse tactile te donne vraiment la sensation d’être un musicien et j’ai besoin de ça pour faire ce que je veux.


C’est ton premier album, mais tu as fait quelques projets auparavant, faire des disques n’est pas ta seule activité je crois…

Je fais de la musique en tant que Galapagoose depuis début 2008, et je fais quelques timides excursions dans d’autres styles tout en essayant de garder une actu à moitié régulière. Ca a donné 3 EPs et une Beat-Tape, une sorte d’historique de mes influences. Cette collaboration est définitivement une partie importante de mon processus de créativité, je pense en particulièr avec % qui est vraiment un très bon ami.

Ensemble on a lancé un programme, bientôt un 7″ et on sort une cassette dans les prochains jours. Je passe le plus clair de mon temps avec des zicos, donc oui, faire du son, créer des choses est vraiment ma manière de grandir. Avec Wooshie on bosse sur un album, sans doute pour 2012, le temps pour moi de trouver de nouveaux sons et inspirations chez les travaux de mes proches, et sans doute invité des gens à retravaillé sur mes pistes.





Tu fais parti du collectif parallelogram et du projet loop tape (toutes les cassettes sont actuellement sold out), Tu peux nous en dire un mot ? Comment tu ressens ces experimentations ?

% et moi avons commencé Parallelogram il y a quelques années, on s’est rencontré sur internet quand je bossais sur le programme mlrv. Il m’a proposé de m’aider à tester le prototype et à corriger les bugs. A partir de là c’était normal de faire de la musique ensemble ce qui a donné le 7″ ~000. On l’a sorti 2 ans après le soft mais bon on avit pas de temps du tout à ce moment là. En 2010 on a lancé la Look Tape, un concept dédié au challenge RPM dont l’issue te proposait de faire un disque. Au bout de deux semaines on a compris que ça le ferait pas, faire un disque à 2 en 28 jours c’est vraiment tendu. Du coup on a poussé pour faire genre 2 faces qui pourraient aller ensemble. « Unfolding/Nuance » notre prochaine sortie, en est la continuité, les problèmes de compositions en binôme en moins.


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Revenons en à ton album. « One Who Can’t Move », la première piste qui a filtré est un mélange de hit hat de soul et de musique classique, ça semble bien définir le melting pot de tes influences?

Pour le style je m’inspire de tout ce que j’écoute habituellement. Récemment j’ai mixé ma House avec des trucs psyché utilisant des synthés des 60’s et des 70’s (Clara Mondshine, Mort Garson, Bo Hansson) avec les nouveaux courants expérimentaux que je peux choper. Ma boite mail semble me filer plus d’inspirationque je ne peux raisonnablement absorber.

J’ai eu un enseignement poussé de guitare jazz, je suis assez familier avec tout ce qui est Post-Bop et la Fusion qui sont vraiment des courants que j’écoute et que j’écris. J’essaie tout de même de rester original et de ne pas laisser une part trop importante de ce que j’écoute transparaître dans mes projets, histoire de garder le champ libre. Mais bon tout ça se passe dans la tête, et surtout dans l’envie de sampler les explorations que j’écoute pour trouver la bonne façon de les insérer dans mes compositions.


« One Who Can’t Move » est dans la même veine que « shadow’s caress », une de tes anciennes pistes, L’album se situe dans la continuité de ce travail ?

J’ai vraiment progressé depuis cet EP même si j’avoue que les pistes ont un rapport entre elles. « Commitments » est quand même le fruit d’un travail qui a murit se situant sur dans un style marqué par un territoire mais également avec une esthétique cohérente. Mes précédents EPs traitaient vraiment de l’exploration sonore, l’album va concrétiser un peu tout ça.

Les premiers efforts consistaient à retravailler les différents sons, l’album a véritablement une structure narrative, le format long permet une dimension plus confortable. Le résultat rend quelque chose qui sera agréable pour les gens qui me suivent depuis longtemps mais qui va plus loin dans le projet et qui j’espère engagera à l’écouter et le prendre dans sa globalité bien sur.


Tu décris ton travail comme une improvisation sur un décor electronique, Quel est le processus ?

C’est très centré sur l’ improvisation Jazz, c’est comme faire un canevas et trouver les pièces qui vont ensemble. L’album est particulièrement centré autour d’une palette d’émotions que j’ai ressenti l’an dernier. J’ai tendance à me laisser submerger par mes sentiments, ce qui me pousse à me poser pour faire du son.

Typiquement l’écoute parle d’elle même, et on ressent les différentes parties du processus de composition. c’est tourné autour du tâtonnement inconscient plutôt que d’entendre quelque chose dans ma tête et le ressortir directement après. la clé c’est de toujours essayer de faire des choses, comme ça quand tu penses avoir un truc l’idée de départ est toujours présente. Bien que tout change toujours, l’idée qui gamberge et finalement tu trouves l’adéquation avec ce que tu fais, en fait on essaye toujours de revenir vers les premières sensations .


Pourquoi avoir appelé ton album « commitments » (engagements) ? C’est une façon de défendre ta façon de voir la musique ?

Hmm, ce titre a plusieurs aspects pour moi. Je veux dire, déjà ça représente ma décision de quitter mon job pour embrasser une carrière musicale. En faisant ça je dois prendre pas mal de nouveaux choix difficiles, faut vraiment être sur de soi dans ces moments là. II faut faire pas mal de sacrifices.

Cet album représente vraiment un choix de vie que j’ai fait aujourd’hui. En fait il représente le fait d’avoir eu une porte ouverte naturellement devant moi et avoir choisi d’en pousser une autre plus lourde. Aussi, tu sais, vivre en ermite est plus difficile que cela ne paraît au premier abord. Donc cet album représente l’engagement d’en avoir choisit un autre que celui m’était imposé. c’est un effort pour demeurer libre, faire ce que je veux et développer une vision du monde qui m’appartient.


Qui a fait ta pochette ? Les montagnes de jambes me rappellent quelque chose d’un peu sexuel…

Yusk Imai (yusk.blogspot.com), un bon ami et très talentueux illustrateur brésilien s’est chargé de cette pochette incroyable.
Je l’ai rencontré quand il était venu à Melbourne pour une expo à la galerie Backwoods, je devais y faire une cassette pour accompagner la performance. Après avoir bu quelques verres et discuté ensemble de ce show, il me proposai de faire ça avec sa main droite (il est gaucher) pour un résultat hors des prédispositions de chacun, il voulait faire ça vite pour donner un truc avec une structure complexe et vraiment particulière. Ca sonnait bien et je me suis dit que ça collerait bien à ma musique, c’est pour ça que j’ai choisi cette pochette. Entre savoir si cette image est entre les montagnes ou les jambes; la sexualité ou la multiplicité, je préfère laisser cette impression aux voyeurs. Je préfère me demander si les montagnes et les jambes sont vraiment différentes.


Est ce que tu vas monter à bord du bus Magical Properties bientôt ?

La tournée commence à se mettre en place mais bon pour l’instant je ne sais pas trop où cela va se passer. J’aimerai bien que cela me conduise à faire un bon tour des US et me permette de passer un peu de temps avec les autres personnes du label, c’est vrai que pour l’instant je ne les ai rencontré que brièvement. Pour l’instant il faut attendre un peu, les services d’immigration et de sécurité des Etats-Unis nous diront ça bientôt.





TRACKLIST

Galapagoose – Winkler – Magical Properties
Thomas William – Andromeda – // This Thing //
Galapagoose – One Who Can’t Move (%’s Nature Communion Mix) – Magical Properties
Matthewdavid – Sydney Raindrums Cyber – Leaving Records
Thomas William vs Scissor Lock – Cadillic – New Weird Australia
Ana Caravelle – Blackberries (Julia Holter Remix) – Non Projects
Sun Ra – When There Is No Sun – Horo Records
Young Magic – Drawing Down the Moon (Galapagoose’ Dreams Remix) – Carpark
Ennio Morricone – Wanted, Dead or Alive – Sonny and Jed Soundtrack
Wanda Group – Constantly Haunted – Self Released
Baba-X – Weed Elf Crew – // This Thing //
Bo Hansson – I Skuggornas Rike – Silence
Wooshie – Sandy Piousness – // This Thing //
Naps – Michigan – Self Released
Mndsgn – Thanksagain;oksoon – Self Released

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